Aïd el Adha 2020

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L'Aïd commémore le Sacrifice d’Abraham. L'épreuve qu'il eut à subir s'est avérée bénéfique : Dieu a arraché son fils aux menaces de la mort. La pandémie met aujourd’hui le monde entier à l’épreuve. Nous avons interrogé Mohammed Benali, responsable de la mosquée de Gennevilliers et Président de la Maison Islamo-Chrétienne, pour connaître comment sa communauté vit cette fête en ce temps d’épreuve.

Comment célébrez-vous l’Aïd cette année à Gennevilliers ?

Les autres années l’affluence est telle pour la prière le matin de l’Aïd que la municipalité de Gennevilliers nous prête un terrain de sport. Cette année, il aurait été impossible, dans ce cadre, de faire respecter les barrières de sécurité. Nous organisons donc, contrairement aux autres fois, une prière à 8h, une autre à 9h15 et si besoin une troisième ensuite, à l’intérieur de la mosquée. Quand les capacités sont atteintes nous fermons les portes et ceux qui n’ont pu entrer doivent attendre que l’on rouvre les portes pour l’heure suivante.

Les musulmans sacrifient ce jour-là un mouton, un veau… ou un chameau. En effet, s’il est préférable de tuer le mouton, nos ancêtres habitaient le désert où les chameaux sont des animaux plus familiers que ne le sont les veaux ou les moutons ! Les années passées, la mosquée se mettait en relation avec un fermier. Elle signait avec lui un protocole d’accord. Il n’était pas musulman mais nous lui faisions confiance pour pratiquer l’abattage rituel. Les musulmans pouvaient choisir une bête en allant voir son cheptel sur place ou en visionnant le troupeau sur internet. Cette année, nous avons préféré ne pas servir de relais entre le fermier et les clients. Non parce que nous ne lui faisons plus confiance mais parce que nous sommes incapables de contrôler les exigences sanitaires imposées par la circulation du coronavirus. Ainsi chaque famille de musulmans va acheter le mouton (ou une part) – sans passer par notre intermédiaire – dans les nombreuses boucheries hallal de Gennevilliers.

Le repas de fête où l’on mange le mouton (ou bien le veau pour certains) réunit en général toute la famille, des ancêtres aux plus jeunes. Cette année, nous sommes tous vigilants à ne pas risquer une contagion en particulier auprès de nos aînés. Tous ne se réunissent pas dans une famille élargie comme les autres années. Pour eux c’est un peu moins la fête. Par ailleurs, nous veillons à ce que chaque musulman - quelle que soit sa condition - puisse avoir sa part du mouton. Nous invitons largement les voisins plus démunis ou ceux qui vivent en foyer. Cette année, la mosquée prend le relais : nous demandons aux uns d’apporter, s’ils le veulent bien, une partie de la nourriture à la mosquée et nous organisons la distribution auprès de ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter de la viande.

La fête est un peu gâchée cette année ?

N’exagérons rien. Il serait plus vrai de dire que c’est un peu plus compliqué d’une part, décevant d’autre part surtout pour ceux qui ne se réunissent pas dans la famille élargie. D’autant plus que l’Aïd tombant cette année en période de vacances, de très nombreux musulmans auraient choisi d’aller célébrer la fête au Maghreb avec leurs parents et leur famille vivant au pays. Mais n’oublions pas combien nous sommes privilégiés de vivre en France. Nous ne pouvons pas ne pas vivre cette fête en solidarité avec les musulmans – mais aussi les chrétiens – habitant la Syrie où le Liban, par exemple, pays dans lesquels non seulement les conditions sanitaires ne sont pas remplies pour faire face au virus mais où de plus en plus de monde n’a pas de quoi manger et souvent même n’a plus de chez-soi… Non, nous n’avons pas le droit de nous plaindre !

Que souhaites-tu, en tant que Président de la mosquée Ennour, aux musulmans de ta communauté ?

Je prie avec eux pour
que Dieu épargne l’humanité de cette pandémie,
que les malades guérissent,
que la fête soit bonne en famille et que personne n’en soit exclu,
qu’Il nous rende capables de dépasser cette crise économique en faisant place à chacun,
que nous puissions voyager, bouger sans crainte les uns vers les autres, nous rencontrer entre religions et cultures différentes et nous serrer amicalement la main !

En ce jour de l’Aïd, nous, chrétiens de la Maison Islamo-Chrétienne, partageons les vœux et la prière de Mohammed Benali !

Aïd moubarak à tous nos amis musulmans !

Christine Fontaine et Boutros Hallaq, pour les chrétiens de la Maison Islamo Chrétienne





Photos de la mosquée Ennour de Gennevilliers
(banlieue Nord de Paris)