Après la Déclaration américaine
du 28 Janvier 2020
sur la Paix au Moyen-Orient

Palestine Page d'accueil Nouveautés Contact

Déclaration des Patriarches et Chefs des Églises de Terre Sainte
sur le « Deal du siècle »


Prise de position de Kairos Palestine
sur la Déclaration américaine du 28 Janvier 2020
sur la Paix au Moyen-Orient


Déclaration des Patriarches et Chefs des Églises de Terre Sainte
sur le « Deal du siècle »


JERUSALEM – Veuillez trouver ci-dessous la déclaration des Patriarches et Chefs des Eglises de Jérusalem concernant le plan de paix " Deal du siècle " annoncé par le président américain Donald Trump le mardi 28 janvier 2020.

Après un examen approfondi du plan de paix des États-Unis d’Amérique pour le Proche-Orient, également connu sous le nom de « Deal du siècle », et après avoir étudié les réactions de toutes les parties concernées sur la question, nous, Patriarches et Chefs des Églises de Terre Sainte, affirmons notre ferme volonté de parvenir à une paix juste et globale au Proche-Orient, fondée sur la légitimité internationale et les résolutions pertinentes des Nations unies et de manière à garantir la sécurité, la paix, la liberté et la dignité à tous les peuples de la région.

Le plan de paix américain qui a été annoncé hier à la Maison Blanche en présence des Israéliens et en l’absence des Palestiniens, nous invite à demander à l’administration américaine ainsi qu’à la communauté internationale de s’appuyer sur la vision de deux États et de la développer conformément à la légitimité internationale, en plus d’ouvrir un canal de communication politique avec l’Organisation de libération de la Palestine, seul représentant du peuple palestinien reconnu internationalement, pour faire en sorte que ses aspirations nationales légitimes soient également satisfaites dans le cadre d’un plan de paix global et durable qui devra être accepté par toutes les parties concernées. En ce qui concerne Jérusalem, nous nous référons à nouveau à notre déclaration adressée au président Donald Trump le 6 décembre 2017 et rappelons notre vision d’une ville sainte ouverte et partagée par les deux peuples, palestinien et israélien, et par les trois religions monothéistes, ainsi que notre confirmation de maintenir la tutelle de la Jordanie sur les lieux saints. La résurrection de notre Seigneur de Jérusalem nous rappelle à tous les sacrifices consentis pour assurer la justice et la paix en Terre Sainte.

Nous appelons également tous les partis politiques, factions et dirigeants palestiniens à se réunir pour discuter de tous les différends, mettre fin à l’état de conflit interne, mettre fin à la division et adopter une position unifiée en vue de la conclusion de la construction de l’État sur la base de la pluralité et des valeurs démocratiques. Jérusalem, 30 Janvier 2020

Patriarches et Chefs des Églises à Jérusalem
+Patriarche Theophilos III, Patriarcat grecque-orthodoxe
+Patriarche Nourhan Manougian, Patriarcat Apostolique arménien orthodoxe
+Mgr Pierbattista Pizzaballa, Administrateur Apostolique, Patriarcat Latin
+Fr Francesco Patton, ofm, Custode de Terre Sainte
+Archevêque Anba Antonious, Patriarcat copte orthodoxe, Jérusalem
+Archevêque Gabriel Daho, Patriarcat syrien orthodoxe
+Archevêque Aba Embakob, Patriarcat éthiopien orthodoxe
+Archevêque Yaser Ayyash, Patriarcat grecque-melkite-Catholique
+Archevêque Mosa El-Hage, Exarcat patriarcal maronite
+Archevêque Suheil Dawani, Eglise épiscopale de Jérusalem et du Moyen-Orient
+Evêque Ibrahim Sani Azar, Eglise évangélique luthérienne de Jordanie et de Terre Sainte
+Evêque Pierre Malki, Exarcat patriarcal syrien catholique
+Révérend. Krikor-Okosdinos Coussa, Exarcat patriarcal arménien catholique


Prise de position de Kairos Palestine
sur la Déclaration américaine du 28 Janvier 2020
sur la Paix au Moyen-Orient

« Paix, paix, disent-ils, et il n’y a pas de paix »



« Paix, paix, disent-ils, et il n’y a pas de paix » (Jérémie 6.14) La déclaration de l’administration des États-Unis concernant ce qu’elle appelle « l’accord du siècle » est en réalité une insulte à l’histoire, à l’humanité, au peuple palestinien et à la dignité américaine elle-même.

La proposition américano-israélienne se fonde sur le renforcement du contrôle israélien sur l’ensemble du territoire palestinien et sur l’assurance que le peuple palestinien sera soumis à ce contrôle, avec en contrepartie des promesses économiques qui sont plutôt un marché pour acheter avec de l’argent le peuple et son esprit.

Cette proposition cherche à légitimer l’occupation israélienne et à nier l’histoire du peuple palestinien et ses droits légitimes et inaliénables, en particulier le droit au retour pour les réfugiés palestiniens et le droit à l’autodétermination, en tentant d’éliminer complètement et définitivement la question palestinienne. Jérusalem, le cœur du conflit, ne saurait être déclarée capitale du seul État d’Israël par quelque autorité humaine que ce soit. C’est la capitale de Dieu et de l’humanité dans son ensemble, et tout autant la capitale de sa population palestinienne. Aucune solution n’est possible si n’est pas réaffirmé clairement le droit palestinien sur la ville.

Par cette déclaration, les États-Unis se sont clairement déclarés partie prenante du conflit plutôt que médiateurs de paix, en considérant cet accord, qui ne prend absolument pas en compte le droit international ni les résolutions des Nations Unies, comme l’ultime proposition faite aux Palestiniens, et en les rendant totalement responsables, s’ils la rejetaient, des conséquences qui en résulteraient.

Mais Israël et les États-Unis doivent écouter la voix de Dieu qui leur ordonne, ici en Terre Sainte et dans le monde entier : « Tu ne voleras pas, tu ne tueras pas ». Ils doivent cesser de tuer les Palestiniens et de leur voler leurs terres.

Israël et les États-Unis doivent écouter la voix de Dieu, la voix de la conscience, et admettre la vérité qu’on ne peut contester : le peuple palestinien est vivant, il n’a cessé de revendiquer ses droits au cours des cent dernières années et jusqu’à ce jour. Le peuple palestinien continuera à revendiquer ses droits jusqu’à ce qu’il les obtienne. La seule voie vers la paix est celle d’une pleine égalité entre les deux peuples. La paix israélienne est conditionnée par la paix palestinienne. En fait, la survie même d’Israël est fondée sur une paix juste pour les Palestiniens. Sinon, Israël, en dépit de toute sa puissance, vivra dans la peur et la perspective d’un avenir incertain. Comme nous l’avons déjà déclaré dans le Document Kairos "Un moment de vérité" : « Notre avenir et le leur ne font qu’un : ou bien un cercle de violence dans lequel nous périssons ensemble, ou bien une paix dont nous jouissons ensemble » (Kairos 4.3).

Dans sa déclaration du mardi 28 janvier 2020, le président Trump n’a rien proposé qui aille vers cette égalité, mais il a plutôt renforcé l’hégémonie d’Israël et la soumission des Palestiniens à cette hégémonie. Cela signifie que le conflit va se poursuivre, que les effusions de sang vont continuer, que la haine et les traitements inhumains vont persister.

L’argent proposé aux Palestiniens n’est qu’une insulte à chaque Palestinien et à l’humanité dans son ensemble, parce que cela rappelle le temps de l’esclavage lorsque l’on vendait et que l’on achetait les êtres humains pour de l’argent. Jérusalem n’est pas un bien à vendre, les Palestiniens ne sont pas à vendre.

Pour faire la paix, il faut que M. Trump et le gouvernement d’Israël respectent leur propre humanité et celle du peuple palestinien en traitant avec lui sur la base d’une commune humanité. De leur part, c’est une ineptie d’accuser les Palestiniens de terrorisme pour se donner bonne conscience et de masquer le terrorisme qu’ils exercent contre ces mêmes Palestiniens jusque dans leurs négociations avec eux.

Enfin, pour faire la paix, il faut respecter le droit international et appliquer les résolutions prises en lien avec ce conflit. Cela exige que la communauté internationale prenne fermement position en faveur de l’application de ses propres décisions, comme cela a toujours été et est encore le cas avec tous les autres peuples de la région.

Le temps est venu, pour tous ceux qui ont à cœur la cause de la paix et la volonté de garantir la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient, d’ouvrir les yeux sur la réalité plutôt que de se laisser séduire par la puissance et la force de la finance. Pour faire la paix, il faut des gens qui veulent la paix et qui reconnaissent qu’ils ont en face d’eux des êtres humains jouissant des mêmes droits et de la même dignité accordés par Dieu à tous.

Nous demandons aujourd’hui aux Églises et aux chrétiens du monde entier de prendre position face à l’injustice commise envers le peuple palestinien, et de demander à leurs pays de rejeter catégoriquement le prétendu « Accord du siècle ». Nous redisons que ni la paix ni la justice ne pourront régner tant que la justice ne sera pas réellement mise en œuvre, tant qu’il ne sera pas mis fin à l’occupation, et que la totalité de leurs droits ne sera pas accordée aux Palestiniens.

31 janvier 2020

Retour page "Palestine" / Page d'accueil