Prosélytisme en Palestine

Maurice Buttin
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Il convient de distinguer nettement l’attitude des chrétiens originaires de Palestine de celle des évangéliques qui sont à la fois prosélytes et sionistes.


Un rappel au préalable
pour les lecteurs mal ou peu informés

L’État de Palestine a été proclamé le 15 novembre 1988, en Alger, par le Conseil National Palestinien en exil, et non pas par Yasser Arafat personnellement, comme l’ont affirmé ses détracteurs israéliens. Ce CNP était très représentatif de la société palestinienne, y compris celle des « camps de réfugiés » (expulsés !) de 1948 ou 1967.

La Déclaration - écrite par le grand poète Mahmoud Darwich, - précisait : «  L’État de Palestine est un État arabe, indissoluble de la nationalité arabe, de son héritage, de sa civilisation et de ses aspirations à la libération, au développement à la démocratie et à l’unité. » Acceptant les Résolutions de l’ONU : 181 (partage) ; 194 (retour des réfugiés) et 242 du Conseil de Sécurité, en 1967  : « (...) inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la guerre (...) ; Retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit », l’État de Palestine se voyait réduit à 20 % du mandat britannique.

Les Palestiniens reconnaissaient ainsi, de facto, l’État d’Israël. En revanche celui-ci – encore aujourd’hui seul État du monde sans frontières officielles  !  – refusait d’en faire autant. Les Israéliens dédaignaient la résolution 181, comme ils le feront des dizaines, voire des centaines de fois, de toutes les Résolutions des Nations Unies. Pour Israël, et son fidèle allié, les États-Unis, le droit international n’existe pas !

Les États-Unis à leur tour refusaient de reconnaître l’État de Palestine, comme les autres grands pays occidentaux, dont hélas notre pays. Si tous ces États n’ont pas changé d’avis jusqu’à ce jour, sauf la Suède, dès novembre 1988, 75 États, dont tous les pays arabes, reconnaissaient l’État de Palestine, reconnu aujourd’hui par 138 États. En novembre 2012, celui-ci a même été admis à l’ONU comme 194ème État – mais avec le simple statut d’observateur, comme le Vatican, qui a reconnu l’État de Palestine le 13 mai 2015.


En ce qui concerne plus spécialement le sujet que nous traitons

Il est très important de relever que dans sa longue Déclaration d’indépendance, l’État de Palestine proclamait notamment son adhésion à la Déclaration universelle des droits de l’homme. Comment ne pas rappeler ici son article 18 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun (...) ».

Ainsi la Palestine était le premier État arabe à reconnaître la « liberté de conscience ». Seule la Tunisie dans sa Constitution du 26 janvier 2014 et l’Algérie dans sa Constitution du 6 mars 2016, l’ont aussi fait depuis. Mais, quelles en sont les applications ?

La Palestine, elle, n’a pas pour autant de Constitution. C’est la loi fondamentale du 18 mars 2003, qui fait office.

L’alinéa 1 de l’article 4 stipule que : « L’islam est la religion officielle de Palestine. Le respect de la sainteté de toutes les autres religions monothéistes est garanti », et l’alinéa 2 : « Les principes de la Charia islamique sont la source principale du droit. »

L’Autorité palestinienne n’a pas de loi sur le mariage civil. Les tribunaux ecclésiastiques islamiques ou chrétiens traitent des questions juridiques relatives au statut personnel (mariage, divorce, héritages, sont traités par de tels tribunaux). L’article 18 indique : « La liberté de croyance, de culte et d’exercice des fonctions religieuses, est garantie, sous réserve du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs. »

Ainsi, la conversion de l’islam à une autre religion n’est pas explicitement interdite par la loi, même si, dans la pratique, tout converti doit faire face à une forte pression sociale. Il en est de même d’ailleurs pour le chrétien qui se convertirait à l’islam.

Cela dit, comme en toute terre d’Islam, le prosélytisme autre que musulman est interdit.

Au demeurant pour ce qui est de la doctrine catholique, en Palestine, comme ailleurs, les positions rappelées par les papes Benoît XVI et François, sont très claires : le chrétien doit faire grandir l’Eglise par attraction, c’est à dire par son vécu, par son témoignage et non par prosélytisme. En 2007, une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi réprouvait le prosélytisme, définit comme une « pratique de coercition et de sollicitation, malhonnête ou incorrecte pour encourager l’évangélisation ».

Il en est différemment des missions évangéliques, de plus en plus présentes depuis ces dernières années dans les pays musulmans. Ceux-ci ont fini par adopter des lois contre ces missionnaires qui se livrent à des activités publiques susceptibles « d’ébranler la foi des musulmans ».

En Palestine occupée, ces évangéliques sont, de toutes façons, mal reçus par tous, chrétiens et musulmans, car sionistes chrétiens, liés au sionisme juif, ils sont des fanatiques pro Israël. Pour eux, « terre que Dieu a promis aux juifs dans l’Ancien Testament, lieu de la promesse accomplie - terre qui a vu naître, vivre et prêcher Jésus, le fils de Dieu -. Lieu où, dans les derniers temps, le rassemblement de tous les juifs annoncera la seconde venue du Christ. ».

Ce qu’ils ne proclament pas, c’est qu’alors, après la grande bataille d’Armageddon, les juifs devraient tous se convertir au christianisme, ou périr et aller en enfer !

Maurice Buttin
Président d’honneur du Comité de Vigilance pour une Paix Réelle au Proche-Orient (CVPR PO)


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