La capitale du monothéisme
Michel Jondot
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Jérusalem : une ville sainte pour tous les croyants monothéistes mais dont l’histoire est une suite d’affrontements et de violence  ! N’est-ce pas le signe que Juifs, chrétiens et musulmans, nous devons nous interroger sur la manière dont les croyants se réfèrent au Dieu d’Abraham ?

La ville de la rencontre

Ariel Sharon, alors chef de l’opposition en Israël, le 2 septembre 2000, méprisant tout interdit, n’hésitait pas à fouler aux pieds un espace sacré qu’on appelle « l’esplanade des mosquées ».

En cet endroit deux mosquées, en effet, attirent l’attention des musulmans du monde entier.

L’une évoque le lieu d’où, selon la foi musulmane, Mohammed aurait été élevé dans les cieux jusqu’à la limite au-delà de laquelle il est impossible de s’approcher de Dieu. Il aurait alors reçu le secret permettant aux croyants de se tourner vers Allah et de le prier cinq fois par jour. Dans les débuts de l’islam, c’est vers elle que les musulmans se tournaient en faisant leurs dévotions ; parce qu’elle n’était pas en Arabie, on l’appelait El Aqsa, « La lointaine ».

L’autre mosquée est désignée par deux expressions différentes : « mosquée d’Omar » ou « mosquée du rocher ». Le nom du second Calife, en effet, est lié à la Ville : c’est lui qui l’a arrachée à l’emprise de l’Empereur chrétien de Byzance lorsque ses armées y ont pénétré. Des négociations pacifiques entre le chef des armées musulmanes et le Patriarche Sophrone, en 636, se sont soldées par la soumission des chrétiens. Quant au « rocher », il s’agit de celui auquel, sur le Mont Moriah, Abraham aurait lié son fils, croyant obéir à Dieu en le sacrifiant. Pour cette raison, l’esplanade des Mosquées est également appelée « Esplanade du Mont ».

Le mur du Temple

Cet espace sacré pour les musulmans l’est aussi pour les Juifs. Il a été le lieu où fut construit et reconstruit le Temple de Jérusalem. Chaque année les foules y montaient en chantant : « J’étais dans la joie que l’on me dise : allons à la Montagne du Seigneur. Enfin nos pieds s’arrêtent devant tes portes, Jérusalem  !  » (ps. 122) « Grâce et bonheur me pressent tous les jours de ma vie. Ma demeure est la Maison du Seigneur en la longueur des jours  » (ps.23). Cette maison fut détruite par les armées romaines en l’an 135 mais sans que s’éteignent, chez les héritiers de David, la croyance qu’en ce lieu Dieu a parlé à l’humanité. Un mur de soutènement a échappé à la démolition : au fil des siècles on est venu le toucher pour réveiller la foi au Dieu de l’Alliance.

Cet espace, enfin, appelle aussi le respect des chrétiens. En cet espace Jésus lui-même, dans son adolescence, avait écouté avec émotion les théologiens juifs qui y enseignaient. « Le zèle de sa maison le dévore » : les témoins de sa colère avaient cette phrase de l’Ecriture sur les lèvres en le voyant s’en prendre avec vigueur aux trafiquants du Temple. En ce lieu, Jésus a parlé. Il avait prévu la disparition de ce monument. « Il n’en restera pas pierre sur pierre », avait-il dit. Les premières communautés chrétiennes s’en sont souvenues lorsque s’écroulèrent les murailles. Et surtout, près de l’esplanade, se trouvent réunis en un seul bâtiment, les lieux où l’on situe la mise en Croix de Jésus et le tombeau où on l’avait déposé avant qu’il ne ressuscite.

Le nom de Marie

Il est étonnant de constater à quel point cette esplanade est symbolique de la rencontre des religions. A l’instar des chrétiens, ces mosquées honorent Marie. Les musulmans affirment, à la suite du Coran, qu’elle logeait chez Zacharie dont la maison était au lieu même où fut construite la « mosquée lointaine  ». L’intérieur du sanctuaire est orné de citations calligraphiées tirées de la sourate « Myriam » qui suscitent cette croyance. Dès sa naissance, l’islam s’est tourné avec respect vers Jérusalem, la Ville des Juifs et les musulmans croient que c’est à Jérusalem que se produira la fin des temps. Le lien avec les chrétiens, dès le point de départ a été vécu dans l’ambiguïté dont Saint Paul est la figure ; certes, les membres de la première communauté eurent à souffrir de l’incompréhension de leurs congénères mais le converti de Damas, s’arrachant au combat des Pharisiens, en vint à prendre le parti de ceux qu’il persécutait. Mais en lui s’articulaient deux univers. Au Concile de Jérusalem, moins de vingt ans après le départ de Jésus, c’est lui qui, contre Pierre, voulut marquer la distance entre Juifs et chrétiens. Mais c’est lui aussi qui gardait à l’égard des héritiers de David une fraternelle affection : « Ils sont chéris de Dieu, à cause de leurs Pères car les dons de Dieu sont sans repentance » (Ro. 11,29).

Dans ce contexte on comprend vite ce qu’avait de symbolique la présence d’Ariel Sharon, le notable juif, en ce lieu cher aux Palestiniens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens. C’était comme la mise en scène de la revanche et du triomphe du Juif sur le musulman et sur le chrétien. Ce comportement ne pouvait manquer d’être perçu par les Arabes comme un geste d’arrogance : il déclencha un mouvement de violence, un « soulèvement », une seconde « Intifada ». Au départ les réactions des Arabes provoquèrent des affrontements entraînant la mort de l’un d’entre eux. La colère se propagea dans les territoires occupés faisant plus d’une centaine de morts dans le camp arabe, une dizaine parmi les Juifs. A partir de cette date, pendant cinq ans, des kamikazes ont entretenu un climat de grande insécurité.

La Ville des rivalités

Ces événements sont révélateurs de l’histoire des relations entre ces familles d’esprit que les musulmans considèrent comme « les religions du Livre ». Chacune d’elles, dès son apparition, a voulu l’emporter sur les autres. Tout a commencé en l’an 1000 avant JC, lorsque David voulant dominer les tribus cananéennes, réussit à conquérir Jérusalem. La Ville fut le terrain, pendant plus d’un millénaire, de défaites, d’exils et de retours. A l’avènement de l’ère chrétienne, le judaïsme ne put supporter le spectacle d’une religion nouvelle qui se prétendait supérieure à la sienne  : les premières communautés furent victimes d’une persécution dont, pendant un temps, Saul de Tarse fut un rouage important. Quatre ans après la mort du Prophète de l’islam, en 636, les armées du Calife pénétrèrent dans la ville. Certes, les négociations d’Omar avec le responsable chrétien furent sereines mais elles aboutirent à un statut selon lequel les chrétiens se soumettaient à son pouvoir. Ces derniers d’ailleurs, au même moment, écrasaient les Juifs de leur mépris : ils avaient laissé les ordures s’entasser sur le Parvis du Temple. Les musulmans le nettoyèrent mais ils ne purent s’opposer au Patriarche Sophrone qui exigeait leur expulsion.

À l’assaut de la Ville sainte

Quatre siècles et demi plus tard, en 1095, la Ville fut l’objet de conflits entre islam et christianisme qui eurent des dimensions internationales. L’islam en refusait l’accès aux pèlerins d’Occident venus se recueillir près des traces de la mort et la Résurrection de Celui en qui ils croyaient. Les chrétiens ne supportèrent pas cette emprise de l’islam. Le Pape appela les responsables des pays européens à réouvrir le chemin menant au lieu de la Croix et du tombeau. Des foules venues de tous les coins d’Europe partirent à l’assaut de la Ville sainte. L’arrivée fut terrible. Un chroniqueur de ce temps nous livre un récit stupéfiant de l’entrée des croisés en 1099 : « A peine les nôtres eurent-ils occupé les murs et les tours de la ville, alors ils purent voir des choses terribles  : certains, et c’était une chance pour eux, étaient décapités, d’autres tombaient des murs, criblés de flèches ; beaucoup d’autres enfin brûlaient dans les flammes. A travers les rues et les places, on voyait des têtes amoncelées, des mains et des pieds coupés  ; hommes et chevaux couraient parmi les cadavres… » Sur « l’Esplanade des mosquées », «  on avançait avec du sang jusqu’à la hauteur des genoux et des mors des chevaux ». La conclusion fait apparaître l’étonnante jonction entre la violence et la référence à Dieu : « …  C’était par juste jugement divin que ce lieu qui avait supporté si longtemps les injures contre Dieu, recevait leur sang. Après la prise de la ville, il était beau de voir la dévotion des pèlerins devant le Sépulcre du Seigneur et de quelle façon se manifestait leur joie en chantant à Dieu un chant nouveau. »

Un royaume chrétien fut établi avec à sa tête Beaudouin 1er. Les lieux saints des musulmans furent méprisés et profanés. L’islam s’imposa de nouveau. Certes, Saladin le Conquérant, en 1187, en reprenant Jérusalem, renouvelait la domination de l’islam et créait les conditions de la reddition avec plus de clémence que les Croisés et sans verser le sang. Il n’empêche qu’un chroniqueur anonyme raconte que « sous ses yeux horrifiés, les vases sacrés des églises se vendirent sur les marchés, … les églises furent transformées en abris pour les bêtes, en débits de boisson et en divers lieux de débauche ».

Naissance de l’antisémitisme

Jusqu’en 1291, les musulmans et ceux qu’on appelait les Francs continuaient à rivaliser : lesquels l’emporteraient ?

En Occident, l’Eglise appelait à la Croisade. Un des effets de la Prédication fut de faire prendre conscience qu’il n’était pas besoin d’aller bien loin pour rencontrer des infidèles ; les Juifs qu’on côtoyait furent alors accusés de déicide. Ceux-là, à l’exception d’une minorité restée en Palestine, s’étaient retrouvés en Europe. C’est à ce moment qu’apparut un antisémitisme qui s’est accru au fil des siècles  : en 1492 les Juifs d’Espagne, qui depuis mille ans avaient contribué de façon impressionnante à la culture européenne, furent chassés et dispersés dans l’ensemble du bassin méditerranéen. On sait l’issue tragique de cette domination exercée sur eux jusqu’à ce que les nazis mettent en place un mécanisme d’extermination diabolique.

A travers ces événements, le sionisme réussit à tracer un long chemin de libération qui, de façon violente, déboucha, malgré la condamnation de l’ONU, à l’occupation de Jérusalem au printemps 1967. Israël prétendit alors que cette ville était « la capitale éternelle et indivisible » du peuple juif. Après avoir été méprisés pendant des siècles, les Juifs prirent leur revanche et se manifestèrent, au dire du Général de Gaulle, comme « un peuple d’élite, sûr de lui et dominateur » ayant sous sa botte le peuple arabe composé de musulmans et de chrétiens.

« Le complexe d’Ismaël »

On comprend ce que pouvait signifier, pour le peuple arabe de Palestine, la marche d’Ariel Sharon sur « l’esplanade des mosquées ». Cette souffrance pose une question grave. Juifs, chrétiens, musulmans se réclament du même Dieu, celui d’Abraham. Tous proclament leur foi au Dieu Unique ! Faut-il condamner le monothéisme ? C’est bien en son nom qu’aujourd’hui encore les djihadistes font couler le sang et sèment la terreur. En se référant à l’héritage d’Abraham, les sionistes dominent les populations palestiniennes. Cette question en entraîne une autre : un dialogue entre religions monothéistes est-il possible si la vérité de chacune ne peut tenir sans nier la vérité des autres ?

Un philosophe contemporain, Jacob Rogosinski, parle de « complexe d’Ismaël » pour aborder ce problème (1).

Dans la Bible on observe une constante : le cadet prend la place de l’aîné. Isaac, bien qu’il vienne au monde après Ismaël, est l’héritier d’Abraham ; Isaac a deux fils, Esaü et Jacob et c’est le second qui reçoit la bénédiction du père. Joseph, un des plus jeunes fils de Jacob, réussit à l’emporter sur ses aînés, malgré leur jalousie ; en devenant le bras droit du Pharaon il amorce la libération de l’Exode. On pourrait ajouter, dans l’Evangile, la parabole du fils prodigue : le plus jeune des deux a sa place dans la maison où l’aîné refuse d’entrer.

Cette situation entraîne la jalousie de celui qui est écarté. Ismaël prend sa revanche en devenant le point de départ d’une nouvelle dynastie ; Esaü s’en prend à son frère Jacob et Joseph est persécuté par ses aînés. Quant au premier des deux fils de la parabole, la haine l’habite lorsqu’il prend conscience des privilèges accordés à un frère délinquant.

Il faut ajouter que cette préférence s’harmonise avec l’expérience du peuple hébreu dans son ensemble. Ecrasé par la puissance du pharaon, cette masse d’esclaves a été arrachée à la puissance du plus fort et reconnaissait dans cet événement miraculeux l’acte d’un Dieu libérateur.

Ne peut-on considérer ces situations bibliques comme le reflet des conflits entre les familles religieuses monothéistes ? Avec l’avènement du christianisme un peuple nouveau naissait, faisant des Juifs les « frères aînés dans la foi » dont ils prenaient la place. De même, venant après le judaïsme et le christianisme, l’islam n’a pas voulu rester à la dernière place. Il prétend prendre celle de ses aînés. Se référant à Ismaël, le fils rejeté, il veut précéder les autres et l’emporter sur eux.

Comme dans la Bible, l’avènement de ceux qui se considèrent choisis par le Dieu Un ont fait l’expérience d’une libération. En prononçant les paroles dont il disait que Dieu les lui avait communiquées, le Prophète de l’islam arrachait les pauvres de La Mecque à l’exploitation des riches marchands. L’Eglise est née parmi les pauvres qui ont fait confiance aux paroles des Béatitudes : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. » Quant au judaïsme, il est né de la sortie, de l’exode, échappant à l’emprise du Pharaon.

Une question reste encore sans réponse. Comment expliquer que chaque expérience de libération débouche sur la haine et la violence  ? La manière dont nous affirmons que le Dieu qui nous libère est le «  Dieu un » est sans doute à repenser. Le monothéisme, en effet est une négation de la pluralité des divinités païennes du monde antique. Il s’accompagne de la croyance que les fidèles se doivent de projeter parmi les hommes l’unité de leur Créateur, la vivre et la faire en ce monde. Les Juifs ont voulu la construire à l’intérieur d’un peuple qui doit se préserver de toute altérité. C’est sans doute ce qui éclaire leur impuissance à reconnaître les populations qui les entourent comme des alliées. L’Occident chrétien a voulu l’universaliser en tentant de faire en sorte que le monde entier adhère à son message. Cela a justifié sa compromission avec les entreprises païennes de colonisation. Les musulmans ont distingué deux parties : la maison de la paix qu’ils habitent et la maison de la guerre qu’il faut soumettre à la Loi du Coran, par le sabre s’il le faut. On voit aujourd’hui quelques-uns d’entre eux prisonniers de cette vision imaginaire : les djihadistes partent en guerre au nom de Dieu – bismillah – pour exterminer ceux qu’ils appellent « les croisés » et les « sionistes » et faire advenir un monde qui ne serait pas altéré par une présence non musulmane et impure.

Certes, en notre temps, la sécularisation a séparé en Occident la politique et la religion. Mais on peut se demander si ce fantasme de l’unité qui habitait les monothéismes, ne s’est pas déplacé pour s’emparer du monde profane. Les nazis avaient l’ambition de purifier le monde pour qu’il ne soit constitué que d’une seule race et le communisme stalinien, sous prétexte de hâter le jour où les prolétaires de tous les pays seraient unis, semaient la mort. Aujourd’hui une unité de pacotille s’empare de tous les continents. La mondialisation dont on parle fait en sorte que les mêmes comportements, les mêmes produits, les mêmes chansons, la même langue se retrouvent dans tous les pays. Pour s’être libérés des religions, on n’a pas réussi à se débarrasser des forces qui aliènent. A la place des religions, l’argent est encore plus violent que l’image de Dieu que s’étaient faite les religions monothéistes. Ne serait-ce pas une invitation à innocenter Dieu des crimes dont les religions se rendent

Jérusalem, ville de l’Espérance

Pour tenter de s’approcher de Dieu, ne faut-il pas rejoindre les religions en leur point de départ ? Non là où l’on domine mais là où l’humanité attend un libérateur, là où les hommes sont appelés à se libérer de tous les esclavages. Il faut sans doute se garder de toute illusion. Le danger est de croire, en effet, que tout est arrivé et que le pouvoir est à prendre. C’est alors que la liberté se pervertit en haine et en violence. Nous n’aurons jamais fini de chercher le chemin qui arrache à la servitude, à la violence et à la mort.

Les responsables des différentes Eglises de Palestine, en avril 2013, ont publié un long texte où, sereinement, ils évoquent la situation qui est faite par Israël au monde arabe qu’il prétend dominer. Les dernières lignes de ce beau document sont un regard sur Jérusalem. On ne peut manquer de les citer : Jérusalem est la base de notre vision et de toute notre vie. Elle est la ville à laquelle Dieu a donné une importance particulière dans l’histoire de l’humanité. Elle est la ville vers laquelle tous les peuples s’acheminent et où ils se rencontrent dans l’amitié et l’amour en présence du Dieu un et unique, selon la vision du prophète Esaïe : “Il arrivera dans la suite des temps que la montagne de la maison de Dieu sera établie en tête des montagnes et s’élèvera au-dessus des collines. Alors toutes les nations afflueront vers elle.... Il jugera entre les nations, il sera l’arbitre de peuples nombreux. Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre” (Is 2, 2-5).

C’est sur cette vision prophétique et sur la légitimité internationale concernant l’ensemble de Jérusalem – habitée aujourd’hui par deux peuples et trois religions - que doit se fonder toute solution politique. C’est le premier point à traiter dans les pourparlers, car la reconnaissance de sa sainteté et de sa vocation sera une source d’inspiration pour la résolution de l’ensemble du problème, qui relève de la confiance mutuelle et de la capacité à construire une “nouvelle terre” sur cette terre de Dieu.

En l’absence de tout espoir, nous faisons entendre aujourd’hui notre cri d’espérance. Nous croyons en un Dieu bon et juste. Nous croyons que sa bonté finira par triompher sur le mal de la haine et de la mort qui règnent encore sur notre terre. Et nous finirons par entrevoir une “terre nouvelle” et un “homme nouveau”, capable de s’élever par son esprit jusqu’à l’amour de tous ses frères et sœurs qui habitent cette terre.

Michel Jondot

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